Les Échos du Logement n°124

LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 POLITIQUE DU LOGEMENT 08 travaille plus la terre à pied, et par la faune qui est admise dans tous lesmilieux (la restaura- tion des trames bleue et verte peut amener le retour d’une série d’espèces dans lesmilieux cultivés, comme les moineaux, les blaireaux, les rapaces nocturnes, etc.) De temps à autre, une infrastructure humaine marque le terri- toire, comme une éolienne, une bergerie  17 . Pour répondre aux enjeux climatiques chan- geants, un ensemble d’infrastructures vertes doit être (re-)développé  18 . La gouvernance du territoire s’effec- tue en grande partie à l’échelle locale. Les « communaux », ces biens communs mis à disposition d’une communauté, y sont monnaie courante, de même que les usages qui s’y rapportent. Le droit de faînage, par exemple, autorise un paysan à envoyer son troupeau en forêt s’alimenter des faînes, favorisant ainsi des usages collectifs et mul- tifonctionnels du territoire. Le retour d’une agriculture paysanne globale, soit une agriculture aux éthiques environnementales ET sociales, peut sem- bler rétrograde en terme de performance. Pourtant, des systèmes de production à petite échelle telle que l’agriculture familiale, emploient à ce jour plus de 40% des actifs mondiaux pour produire 80% de l’alimenta- tion mondiale  19 . 17 INITIAL (Joséphine Billey, Lucie Poirier, Paule Pointereau) & SOLAGRO (Philippe Pointereau), Que seront les paysages agricoles de l’après-pétrole? La campagne des paysages d’Afterres2050, Collectif des Paysages de l’Après-Pétrole, 2016. 18 Emilie Gruit, Pour un paysage agricole résilient, Open- field numéro 11, juillet 2018. 19 Pierre Fromentin, «Ceux qui sèment», documentaire, 2015. Avec une descente énergétique, l’ho- mogénéisation des territoires au profit d’une économie compétitive sur les marchésmon- diaux (théorie des «avantages comparatifs») n’a plus lieu d’être. L’on redécouvre la notion de terroir, véritablement liée au contexte local et à la complexité du paysage. Ce n’est pas la fin des échanges pour autant ; un certain commerce subsiste, mais pas au détriment de l’autonomie des territoires. Des systèmes d’échanges locaux (monnaies locales, mon- naies fondantes, troc…) renforcent cette autonomie et cette résilience des territoires. Se mettre en capacité d’agir Les défenseurs de l’environnement savent qu’il est difficile de faire passer desmessages qui vont à l’encontre de ce que la société veut entendre, surtout lorsque cela implique une diminution du niveau de vie. D’ailleurs, notre prise de conscience écologiste souffre d’une déconnexion entre nos actions et leurs effets directs et indirects. De la même manière, parler d’effondrement semble aujourd’hui impensable pour un politicien  20  : tout est plus facile que de se remettre en question, on préfère donc ignorer la catastrophe plutôt que de s’y préparer. Il est pourtant urgent d’agir, en por- tant un message juste et adapté. Un des moyens possibles est de diffuser un imagi- 20 Bien que Édouard Philippe et Nicolas Hulot aient fait publiquement référence au concept en France à plusieurs reprises en 2018, sans pour autant que cela ne semble chan- ger leur politique. Voir aussi les célèbresmots «Notremaison brûle et nous regardons ailleurs» prononcés par Jacques Chirac en 2002. naire de société alternative qui soit assez séduisante que pour susciter un changement de l’opinion publique. Les Initiatives de Transi- tion, par exemple, sont un mouvement lancé en 2006 par Rob Hopkins. En pratique, ce sont des citoyens qui s’approprient ensemble des problématiques telles que le changement climatique et le pic pétrolier pour ensuite lan- cer des solutions sur leur territoire : monnaie locale, sobriété, suggestion d’un « plan de descente énergétique » aux élus locaux… Face à l’urgence, les Initiatives de Transi- tion tablent donc sur des actions positives et concrètes plutôt que sur un message anxiogène et font le pari qu’un changement à l’échelle des collectivités puisse ouvrir la voie aux politiciens. Ce mouvement montre des résultats concrets encourageants, bien que beaucoup trop lents. Selon le Rapport Hirsch, publié par le Département de l’énergie des États-Unis, «  l’atténuation [des effets du pic pétrolier] de- mande au minimum une décennie d’intenses et coûteux efforts […] L’intervention des gou- vernements sera requise parce qu’autrement, les conséquences économiques et sociales du pic pétrolier seraient chaotiques  21  ». Des actions coordonnées entre ci- toyens, professionnels (architectes, aménage- ment du territoire, énergie, etc.), collectivités et pouvoirs publics sont et seront nécessaires pour répondre à une série de défis. Et ceux- ci s’avèrent complexes, du démantèlement d’une centrale nucléaire dans un contexte de pénurie énergétique à des politiques d’adap- tation aux changements climatiques… 21 Hirsch, R. L., Bezdek, R., &Wendling, R. (2005). Peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation & Risk Manage- ment.

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