Les Échos du Logement n°124

63 TINY HOUSES La tiny, nouveau «way of life » qui se tracte comme une remorque, fait des émules en France, partout en Europe, et même chez nous. Manon, Gaëtan et Gao vivent en tiny depuis septembre 2014 près d’un lac et d’un bois dans la région de Liège. La tiny répondait exacte- ment aux questions qu’il se po- saient déjà, ainsi qu’à leur désir de se rapprocher de l’essentiel. Elle les a amené également à la réflexion sur ce qu’il y a derrière les objets, car la minimaison ne peut que renforcer certaines concepions de l’habitat, de la consommation ou des relations humaines, en encourageant un mode de vie particulier. Si le choix de vivre en tiny faisait déjà partie d’une démarche de changement, elle a également poussé le jeune couple un peu plus loin dans son raisonnement. Continuellement, ils pensent à leur mode de vie et à ce qu’ils doivent et peuvent faire: qu’est-ce qu’ils peuvent acheter, combien de vêtements… Parce que la maison montre très vite ses limites, son espace ne peut que pousser à réfléchir. Ce petit espace oblige le couple à regar- der la vie en face : il est impos- sible d’y refouler des objets au grenier ou des conflits sur un canapé. Dédramatiser les questions de logement et les coûts d’accès à la propriété de propriété, pro- mouvoir une vie plus simple, plus équilibrée et plus écologique, toujours privilégier la qualité sur la quantité: le concept a tout pour séduire, même si aumètre carré, les tiny houses sont probable- ment très chères. Qu’importe, Shafer expliquait que, à ses yeux, un espace aussi exigu représentait le «vrai luxe»: comme sa maison n’engloutis- sait pas une grande part de ses revenus et qu’il ne perdait pas de temps à l’entretenir, il pouvait se concentrer sur les choses qu’il avait « vraiment envie de faire dans la vie». Reste aux normes tradition- nelles de tous poils à s’adapter et surtout aux esprits à s’ouvrir : «small is beautiful ». Si vivre dans un petit espace peut être un choix de vie heureux, il peut être aussi contraint. Hong Kong est l’une des zones les plus densément peu- plées du monde. Le photographe Michael Wolf a réalisé des images ver- tigineuses de certains de ses immeubles. « Ils sont pris de loin », raconte encore Mona Chollet, «de sorte que leurs façades se réduisent à des motifs abstraits, et pourtant on n’en devine ni le haut ni le bas. Ils semblent cou- pés de tout contexte terrestre ou céleste. On a du mal à croire que ces points minuscules et innom- brables sont en réalité des fe- nêtres derrière lesquelles des êtres humains vivent et respirent. Les prix de l’immobilier sont les plus élevés dumonde et les loge- ments sociaux manquent. Sur une population de sept millions de personnes, entre cent mille et cent soixante-dix mille vivent dans des maisons-cages : des pièces uniques de moins de dix mètres carrés. Certains ha- bitent seuls dans trois ou quatre mètres carrés ; ils partagent la cuisine et les sanitaires avec une dizaine d’autres résidents. D’autres ne disposent que d’une couchette grillagée d’un mètre carré, un lit-cage où ils peuvent à peine s’allonger et où ils doivent faire tenir toutes leurs affaires. Une famille de quatre personnes peut s’entasser dans cinq mètres carrés. La chaleur est infernale et l’aération, défail- lante ou inexistante. » Dans quel monde vivons- nous? � Architecture of density PAR MICHAEL WOLF ED. PEPERONI BOOKS

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