Les Échos du Logement n°124

62 LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 PUBLICATIONS Tiny House. Le nid qui voyage PAR YVAN SAINT-JOURS, BRUNO THIÉRY ET CÉLIA ROBERT ED. YPYPIP Histoires de Tiny Houses Ils changent de vie grâce à leur tiny PAR BÉNÉDICTE PERDEREAU ED. MICRO-MAISONS TINY HOUSES La simplicité est la sophistication suprême, dit Léonard de Vinci. La taille démesurée des maisons a suscité entre autres un intérêt pour son contraire : les petits habitats. Il est vrai que se loger ou construire coûte cher et n’est plus à la portée de toutes les bourses. «Living small » est un mode de vie qui commence à percoler dans de nouvelles formes d’ha- biter : l’aménagement d’habitats minuscules. « Incontestablement, il y a une magie des petits espaces. » écrit Mona Chollet, dans Chez soi. Une Odyssée de l’espace domestique . « Ils correspondent à l’archétype du refuge, à l’abri primitif dont les frontières se rapprochent autant que pos- sible de celles du corps. Pouvoir embrasser d’un seul regard tous les éléments indispensables à la vie procure une sensation de réconfort et de sécurité, une satisfaction intense. Sous vos yeux, ils forment un tableau bien net : l’essentiel est là, à portée de la main. Vous n’habitez pas une maison parmi d’autres, mais une quintessence, un concentré, une matrice de maison. Dans une société qui ne cesse de vous inculquer de faux besoins et qui par là tend à faire de vous une créature débile dépendante d’innombrables prothèses, vous éprouvez une fierté enivrante à l’idée de pouvoir vous contenter de peu. En outre, la petitesse de votre logement lui donne une dimension ludique, aventureuse, comme si vous aviez été cata- pulté dans lamaison de poupées de votre enfance. Préparer un repas revient à jouer à la dînette. La vie perd de son sérieux ; elle s’allège. » On peut fairemieux que s’ac- commoder des petits espaces : on peut les revendiquer comme un idéal. Aux États-Unis, Jay Shafer a connu la célébrité en 2007, quand l’émission télévisée d’OprahWin- frey a popularisé son concept de tiny house («toute petite mai- son» ou «maison minuscule»). Il vivait alors au vert dans une charmante habitation de neuf mètres carrésmontée sur roues, bourrée d’idées ingénieuses, avec un toit à deux versants et un porche. Structure en bois clair, surfaces en aluminium, édredon blanc sur le lit enmezzanine: son design sobre conférait à son in- térieur une rusticité élégante. Il avait même réussi à y caser une cheminée. En dix ans, entre son Iowa natal et la Californie, où il s’est installé, il a vécu dans trois tiny houses qu’il avait dessinées et construites lui-même. Après avoir cofondé en 2002 la Small House Society, il a lancé une entreprise de conception de maisons semblables à la sienne. Elles peuvent trouver place sur un bout de terrain acheté à cet effet, mais aussi au fond du jardin d’un tiers. Les prix ne dépassent pas 30 000 dollars. Vivre en tiny, ce n’est pas une démarche anodine, «c’est un vrai pied de nez à un système alinéant.», écrit Yvan Saint-Jours. «C’est également une façon de revenir à nos origines d’Homo sapiens nomades, certes dans un confort non négligeable, mais avec la plus petite empreinte possible sur cette planète tel- lement malmenée. Henry David Thoreau, philosophe de la fin du XIX e siècle, s’était construit une cabane au bord de l’étang de Walden, à Concord, dans le Massachussetts. C’est depuis ce lieu dépouillé de tout artifice qu’il a pu se reconnecter à la nature qui l’entourait. Dans une tiny, où l’essentiel est demise, il est pos- sible d’en faire autant. » Une tiny, c’est d’abord en pratique un concentré d’ingé- niosité pour vivre dans un petit espace avec un grand confort. Petit prix, petit ménage, petits travaux, petites factures d’éner- gie… « la tiny, c’est géant. » Toujours chaleureuse et cosy, la mini-maison se décline de multiples façons.

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