Les Échos du Logement n°124

53 JEAN-MICHEL DEGRAEVE ÉQUIPEMENTS ÉNERGÉTIQUES Pour un loyer énergétique L’Atelier n’a pas de réponse toute faite sur la question du meilleur service énergétique. Les solutions mises en oeuvre se font selon les possibilités locales. Il serait intéressé par l’établissement d’un bilan des solutions réa- lisées dans le logement public, notamment sur les coûts d’installation, de gestion et d’utilisation. Face à l’imposition prochaine du logement zéro énergie, ce bilan aiderait les sociétés de logement et les architectes dans leur choix, mais surtout conduirait à une indispensable révision du prix maximum des logements. Le système de subvention devrait en effet prendre en compte les spécificités du contexte de réalisation : implantation des logements, orientation, qualité du sol, pré- sence de réseaux, taille du chantier,… Plus largement, les difficultés du secteur public du logement résident dans l’absence de choix de leur logement par les habitants. Les locataires obtiennent un logement avec des techniques avancées sans nécessairement l’avoir demandé. Et le concept de réchauf- fement de la planète passe bien après leurs problèmes quotidiens. Imposer un mode de vie dans des bâtiments exigeants en termes de comportements est plus compliqué. Outre une nécessaire souplesse dans l’application des normes, une piste à envisager serait d’appliquer un loyer énergétique globalisant les charges énergétiques et le loyer afin de conscientiser les locataires sur le « coût vérité» du logement. Vers un indicateur global de durabilité? La difficulté du choix de l’équipement éner- gétique dans des logements à haute per- formance énergétique apparaît en filigrane de ces rencontres. Bien que les logements réalisés ne nécessitent qu’un appoint minime de chauffage, il faut constater une forme d’atavisme dans la demande d’une unité de production de chaleur. Les occupants de lo- gements passifs, publics ou privés  4 , ont des difficultés à vivre sans moyen de chauffage direct ! Afin d’accompagner la nécessaire évolution des mentalités, les responsables techniques de Centr’Habitat suggèrent un coaching énergétique régulier. Les archi- tectes de l’Atelier Ph.Jaspard proposent eux de revoir le calcul du loyer. Les deux inter- viewés insistent cependant sur la nécessité d’une approche plus large. Vu la faiblesse des revenus des locataires, il s’agit de réduire par une approche globale les coûts du logement « loyer + charges» ainsi que de lamobilité des occupants. 4 MarieMangold, «Sobriété énergétique et arbitrages au sein de ménages construisant une maison performante», Modes de vie et pratiques environnementales des Français pp 85-94 Thema avril 2018, https ://www.ecologique-soli- daire.gouv.fr La conception de logements durables ne peut s’obtenir par le seul respect de normes sectorielles de salubrité, d’acces- sibilité, de prix maximum, de performance énergétique, de qualité des matériaux, etc… Il apparaît nécessaire de mettre en place un indicateur global prenant en compte toutes les composantes d’un logement – fonction- nalités, localisation, matériaux et techniques de construction, coûts d’entretien, approche bio-climatique, bilan carbone, gestion de l’eau et des déchets, etc…– sur l’ensemble de son cycle de vie. Cette cote globale multicri- tère permettrait, par exemple, d’obtenir des subventions complémentaires en fonction d’objectifs spécifiques ou des assouplisse- ments dans l’application des normes. Ainsi, un poêle à pellets pourrait être autorisé alors qu’il est aujourd’hui difficile de le prévoir vu la prise en compte dans le calcul PEB du kWh consommé mis au même niveau qu’un kWh gaz oumazout. Et ce, bien qu’il s’agisse d’une énergie renouvelable pour un équipement préféré par les habitants ! Ce calcul global des performances d’un logement permet- trait de remplacer l’approche « coercitive» d’imposition de normes minimales par une démarche « incitative» permettant de trouver les solutions innovantes pour répondre aux enjeux actuels. � <Logements sociaux à Gemechenne (Dinant), Architecte Atelier Ph.Jaspard � Croiser les approches pour un indicateur global d’habitat durable. ©Jean-Michel Degraeve

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc4MDMy