Les Échos du Logement n°124

48 LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 PROJETS Équipements énergétiques et logement public PAR JEAN-MICHEL DEGRAEVE Architecte-urbaniste, consultant en Habitat La rubrique «Projets» porte généralement sur une réalisation choisie pour ses qualités architecturales. Vu le thème du présent numéro, nous proposons d’examiner plus globalement les liens entre équipements énergétiques et projets architecturaux. Pour connaître les réponses actuelles du secteur public du logement, nous avons rencontré Sergio Spoto et Anne Cantineau de la Société de Logement de Service Public Centr’Habitat ainsi que les architectes Philippe Jaspard et David Deschambre de l’Atelier d’Architecture Ph.Jaspard, opérateurs reconnus pour les performances énergétiques de leurs réalisations. Après un rappel du contexte, la présentation des équipements énergétiques mis en oeuvre et leur évaluation permettra de tirer quelques suggestions pour l’avenir. Evolutions de la production de chaleur des logements publics Comme le détaille la rubrique «Regards sur le passé » du présent numéro, l’étude du système de production de chaleur le plus adéquat est au coeur des réflexions des pre- mières habitations à bonmarché. A partir des années 1960, les équipements énergétiques évoluent fortement. Les combustibles utili- sés se diversifient avec l’arrivée du gaz, du mazout et de l’électricité. Les fonctions se spécialisent : chauffe-eau et cuisinière sont indépendants du système de chauffage des locaux. Une chaudière dans un local tech- nique alimente une distribution d’eau chaude ou d’air chaud dans les locaux d’habitation. Parfois, des convecteurs électriques directs ou à accumulation sont préférés vu leur faible coût d’investissement. La crise pétrolière de la fin des années 1970 conduit à une évalua- tion de ces divers systèmes. Le chauffage électrique coûteux à l’utilisation et le géné- rateur d’air chaud par gravitation naturelle énergivore sont abandonnés. Le chauffage central avec une distribution d’eau chaude par radiateurs est l’option préférée. Conséquence de la crise pétrolière, l’iso- lation thermique et l’étanchéité à l’air des bâtiments sont renforcées pour réduire les consommations énergétiques. Les nouveaux logements doivent respecter des niveaux de performance énergétique qui se renforcent au fil des années. Aujourd’hui, un logement passif ou basse énergie consomme 15 à 30 kWh/m2/an  1 pour le chauffage des locaux, soit moins que pour la production d’eau chaude sanitaire ! Face à ces hauts niveaux d’isolation et d’étanchéité à l’air des bâti- ments, la question de la ventilation devient essentielle. Insuffler de l’air froid dans des logements très isolés est un non-sens éner- gétique. La ventilation mécanique contrô- lée double flux (type D) se développe, avec un préchauffage de l’air frais entrant par la récupération de la chaleur de l’air extrait. Le système avec entrées d’air par les menuise- ries et extractions par les locaux sanitaires (type C), plus abordable financièrement est moins performant énergétiquement. Ces concepts de logements basse énergie ou passifs seront remplacés à partir de 2021 par l’approche zéro énergie intitulée NZEB ou Q- Zen  2 . La question de l’équipement énergé- tique le plus adéquat reste donc toujours au centre de la conception architecturale des logements publics. 1 10 kWh = +/ – 1 litre de mazout ou 1 m3 de gaz 2 NZEB = Nearly Zero Energy Building, Q-ZEN = Quasi Zéro ENergie Les logements passifs de Centr’Habitat Un promoteur public innovant Avec un parc de 5.455 logements locatifs, Centr’Habitat mène une politique massive d’investissements. Après un important pro- gramme de rénovation de son patrimoine immobilier durant les années 2000, la société a repris la création de nouveaux logements avec près de 350 logements réalisés ces dix dernières années. Consciente de la nécessité d’une nouvelle approche de production des logements, la société place ses réalisations sous l’angle des économies d’énergie. Après la Résidence des Diables, première tour pas- sive wallonne de 35 logements à Saint-Vaast inaugurée en 2013  3 , elle finalise actuelle- ment 72 logements passifs à la Cité Lebur- ton à Maurage. Une première phase de 42 logements a été inaugurée en 2017. A la tour passive, la ventilation mécanique et la pro- duction d’eau chaude sanitaire sont collec- tives, seul l’appoint électrique de chauffage est individuel. Etant distributrice d’énergie, la société assure la gestion technique des installations, le relevé des consommations, la gestion des réclamations et du contentieux qui en découle. Pour éviter ces opérations coûteuses et chronophages, la société a opté pour une solution individuelle sur le chantier de Maurage. L’absence d’un réseau de gaz a conduit le consortium de conception/réa- lisation Plan7/Lixon à proposer une solution «3 en 1 ». Il s’agit d’une pompe à chaleur air- air individuelle produisant le chauffage, l’eau chaude sanitaire et la ventilation. Le système comporte une résistance électrique permet- tant l’appoint de chaleur pour le chauffage et/ou l’eau chaude dans les moments froids 3 S.Spoto, «Tour passive à Saint-Vaast : un pari réussi dans le secteur du logement public?», Les Echos du loge- ment n°120 pp116-119 >Résidence des Diables à Saint-Vaast (La Louvière), Architecte M.Baratucci-JNC-PEC ©Jean-Michel Degraeve

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