Les Échos du Logement n°124

40 LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 REGARDS SUR LE PASSÉ Le «foyer» des habitations à bon marché PAR JEAN-MICHEL DEGRAEVE Architecte-urbaniste, consultant en Habitat A l’occasion du thème du présent numéro, intéressons-nous à la place donnée à l’équipement énergétique des premières habitations à bon marché, soit à la place du «foyer» dans leur conception. Pas d’habitat sans feu! Depuis des millénaires, l’implan- tation du foyer est au centre de la conception du logement. Au-delà de l’indispensable production de chaleur sous nos latitudes, il est également nécessaire pour la cuisson des aliments et la pro- duction d’eau chaude. Outre ces fonctions essentielles aux activités humaines, le foyer réu- nit et solidarise les personnes qui l’entourent. C’est autour du foyer que les expériences se partagent et que les traditions se transmettent. La technique utili- sée durant desmillénaires est un foyer ouvert alimenté au bois. Ce- lui-ci est progressivement rem- placé au XIX e siècle par le poêle à charbon. Cet appareil transpor- table est constitué d’un récipient à combustible entouré d’une en- veloppe métallique en fonte ou en fer, parfois garnie de briques réfractaires. Il équipe les habita- tions ouvrières de cette époque. Bien que présentant les quali- tés hygiéniques de base, leur conception accorde peu d’atten- tion aux facilités de la vie domes- tique. Pensons, par exemple, à la corvée de l’approvisionnement du foyer en charbon depuis la cave et à l’évacuation des cendres. Ces habitations sont généralement réalisées «sans architectes» par des entrepre- neurs sur base de plans types. La conception des premières habi- tations de la Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché (SNHLBM) en 1919  1 bouleverse cette approche. Construits en série dans des cités-jardins, les premiers loge- ments publics sont étudiés par des architectes qui s’inspirent des principes des cités-jardins anglaises. Alliant confort et hy- giène du logement dans un prix abordable, leur conception passe par la recherche d’une organisa- tion rationnelle du logement et d’équipements techniques per- formants. Une organisation rationnelle du logement L’architecte Adolphe Puissant (1878-1950) est un des acteurs importants de cette époque. Directeur technique de la SNHLBM entre 1920 et 1922, ses nombreux articles dans la revue L’Habitation à Bon Marché sur le «Programme de l’habitation à bon marché» constituent les premières circulaires tech- niques de la nouvelle société. Le plan en annexe est extrait de son livre L’habitation ouvrière paru en 1930 dans lequel il syn- thétise sa démarche au départ de ses chantiers de Couillet où il réalise plus de 800 logements entre 1922 et sa mort. Une habi- tation à bon marché «normale» est composée de deux niveaux. Le rez-de-chaussée comprend à l’avant un hall d’entrée (A), une petite pièce servant de studio, de parloir, de salle de travail ou de chambre supplémentaire (B), l’escalier d’accès à l’étage (E) et un réduit à provision (D). L’arrière du rez-de-chaussée est occupé par la salle commune (C) et les locaux techniques précédés 1 Jean-Michel Degraeve, «De l’habitation ouvrière à l’habitation à bon marché», Les Echos du Logement n°117, pp44-45.

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