Les Échos du Logement n°124
36 LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 POLITIQUE DU LOGEMENT Se chauffer autrement, c’est possible ! PAR FRANCIS FLAHAUX Coordonnateur du Plan Bois-Energie et Développement Rural (PBE&DR) – Facilitateur Bois-Energie-Secteur public Fondation rurale de Wallonie Mieux concevoir les futurs bâtiments pour les rendre moins énergivores est non seulement une obligation mais aussi une nécessité. C’est aussi un préalable. Mais, pour les bâtiments existants, et même après des améliorations parfois significatives en matière d’utilisation rationnelle de l’énergie (URE), il n’en reste pas moins qu’ils restent souvent de gros consommateurs d’énergie, notamment pour le chauffage. Ceux du secteur public ne font pas exception : maisons communales, écoles, hall de sports, maison de repos, hôpitaux, logements publics… Alors, pour les chauffer économiquement et écologiquement, plus de 80 communes wallonnes ont déjà choisi le chauffage au bois… souvent associé à un réseau de chaleur. Et ça marche. Explications. Enmatière de changement climatique, de dé- veloppement durable ou de transition énergé- tique, il faut penser globalement mais aussi et surtout agir localement. Et dans ce domaine, les pouvoirs locaux ont aussi leur rôle à jouer 1 . C’est pour cette raison que dès 2001, en ini- tiant le Plan Bois-Energie et Développement Rural (PBE&DR) pour la Wallonie avec le sou- tien du SPW et des Ministres de l’Energie et de la Ruralité, la Fondation rurale deWallonie a pris comme public-cible les communes pour développer les premiers projets de chauffe- ries au bois avec réseaux de chaleur. A l’époque, il n’y avait ni réseau de cha- leur renouvelable ni chaufferie automatique au bois dans le secteur publicwallon. Aujourd’hui, on compte près de 110 chaufferies, 40 réseaux de chaleur et c’est plus de trois millions de litres de mazout qui sont chaque année rem- placés par du bois sous forme de pellets ou de plaquettes de bois dans le secteur public (voir www.frw.be/pbe) . Soit une réduction des émissions de CO2 d’environ 8100 tonnes par an. Une cinquantaine d’autres projets publics sont aussi en cours de réflexions bien avan- cées. A côté de ces projets, c’est aussi toute une filière économique, essentiellement com- posées d’acteurs deproximité répartis sur tout le territoire, qui a vu le jour et qui continue à bien se développer dans notre région; concré- tisant ainsi un autre objectif du PBE&DR. 1 Voir article Echos du Logement n°123 Le bois (énergie), comment s’y prendre et pour quels avantages? S’il y a 15 ans, certains gestionnaires d’in- frastructures publiques avaient encore des craintes quant à la possibilité d’utiliser du bois pour chauffer leurs bâtiments et pouvaient imaginer cette solution comme rétrograde… ce n’est très majoritairement plus le cas au- jourd’hui. Tout lemonde a entendu parler des pellets, certains connaissent des chaufferies au bois proches de chez eux et les médias traitent régulièrement d’expériences de ce type. Chacun a compris qu’il s’agit de solu- tions modernes, confortables et fiables. Des solutions existent en effet pour tous les types de bâtiments et de situations. EnWallonie, la plus petite chaufferie publique fait 12 kW pour une petite école communale de Ambly (Nassogne) et la plus grande est de l’ordre de 1 MW dans un hôpital namurois. Mais la gamme est encore plus étendue. Près de 40% de nos chaufferies sont aux plaquettes de bois (broyat de bois) tandis que les autres sont aux pellets (granulés de bois composés exclusivement de sciures de bois sans additif). Environ 40 chaufferies centralisées sont associées à un réseau de chaleur pour alimenter plusieurs (dizaines de) bâtiments. Néanmoins, mener un projet bois- énergie à bien nécessite de s’y prendre avec méthode et de le faire avec des profes- sionnels du secteur, depuis les premières étapes avec les Facilitateurs désignés par le SPW – qui sont neutres et indépendants – , en passant par les bureaux d’études et les équipementiers. S’il s’agit d’un projet en pla- nification, il faut appréhender la possibilité du bois-énergie le plus en amont possible des réflexions pour s’octroyer un maximum de possibilités (techniques) d’implantations et de solutions. S’il s’agit d’un remplacement de chaudières fossiles classiques par du bois, il faut pouvoir compter sur un regard expert, pour envisager la solution la plus en adéqua- tion avec le site et les exigences du gestion- naire sans négliger de revoir les puissances nécessaires. Même si cela peut sembler «confor- table» pour les décideurs et conseillers, il n’y a pas de clé dichotomique permettant par des «oui » ou «non» successifs de déter- miner «LA» solution à mettre en place. En effet, à part d’éventuels impératifs spatiaux ou techniques (accessibilités, espace dispo- nible…) limitant certains choix, ce sont sou- vent des options (non techniques) propres aux souhaits des décideurs qui permettront de déterminer la solution le plus en adéqua- tion avec le site et les objectifs propres du bénéficiaire. La méthode de travail à envisa- ger avec les partenaires pour l’examen d’un projet doit donc permettre de concilier ces impératifs. C’est le rôle du Facilitateur de conduire les débats dans ce sens. Les principaux avantages d’utiliser le bois-énergie en lieu et place d’un combus- tible fossile sont : —— Le coût du kWh et sa très grande sta- bilité dans le temps. Depuis plus de 15 ans, le MWh primaire des plaquettes de bois est aux environs de 28-30€ tandis que celui des pellets est aux environs de 40-42€ pour les projets publics. Dans le même temps, celui des produits pétroliers n’a fait que fluctuer
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