Les Échos du Logement n°124

34 LES ÉCHOS DU LOGEMENT N°124 POLITIQUE DU LOGEMENT EcoQuartier  7 (2012) en France ou, bien sûr, le Référentiel Quartier Durable  8 en Wallonie (2014), etc. Ils formulent de nouveaux consen- sus d’aménagement urbain durable entre col- lectivités, professionnels de la construction et habitants. Ces référentiels sont structu- rés autour de thématiques (potentiel du site, qualité de vie et santé, biotopes et eau, ressources, énergie, matériaux et déchets, mobilité, etc.) et de cibles ou critères mini- mumà atteindre. Ils évoluent en permanence et tendent actuellement vers des indicateurs moins performanciels (énergie, polluants, etc.) et plus procéduraux (pilotage du projet, études préalables, concertation des rive- rains, cercles de qualité, etc.). Ces approches offrent une sorte de pense-bête des grands enjeux de soutenabilité à l’échelle d’un quar- tier dense, en évitant les « listes à points» qui encouragent parfois les concepteurs à faire des choix incohérents juste pour obtenir le label (les particularités d’un site contredisant souvent les injonctions du label). Oui, des « standards » de quartier durable existent donc pour garantir une certaine cohérence dans la conception et la réalisation d’un projet. Mais la grande incon- nue reste l’attitude des habitants et usagers : 7 www.cohesion-territoires.gouv.fr/les-ecoquartiers 8 www.wallonie.be/fr/publications/quartiers-durables- mode-demploi que feront-ils d’un quartier réputé bien conçu et bien construit? Tout comme un bâtiment est « livré» (au plein sens du terme) à ses occupants, le quartier est le lieu où s’impro- visent de nouvelles formes de voisinage entre proches (au sein du quartier) et moins proches (des quartiers voisins à la planète entière). Les paramètres sont nombreux car la cohérence d’un quartier tient aussi à des variables (position et fonction dans l’écono- mie territoriale, la structure verte, etc.) plus subtiles que dans le cas d’un bâtiment et parce que cette échelle colle au plus près à nos quotidiens : s’y subsument tous nos problèmes (niveau de vie, mobilité, choix de consommation, etc.). Cette réalité complexe échappe totalement aux labels. Des modèles de durabilité en question BedZED suggère aussi que vivre en quartier dense, même durable, pourrait générer une fatigue sociale et des effets rebonds, comme celui de consacrer ses économies (moins de chauffage, pas d’auto) à des voyages en avion scandaleusement polluants… Les modèles de durabilité sont aujourd’hui en question. Celui de la «ville compacte» postule la pour- suite de l’urbanisation industrielle… celle-là même qui siphonne les territoires, renforce la densité (donc le NIMBY  9 … et la prolifération réglementaire qui tente de contenir l’explo- sion des conflits dans les villes « intenses») et la plus-value foncière, promeut aussi la solitude  10 , la consommation, les voyages en avion et les émissions de CO2, etc. Des écoquartiers pourraient-ils vraiment rendre la ville compacte plus durable ? À moins d’une reterritorialisation plus cohérente, on en doute… L’autre modèle est celui de la «métropole horizontale  11  » ou «diffuse», qui (quand il aura réussi à remplacer l’automo- bile individuelle par une mobilité soutenable) présente des qualités de résilience (qualité de vie, production alimentaire, dispersion des nuisances, etc.) que la ville dense ne peut offrir… Interroger ces modèles est néces- saire partout où se cherchent des réponses aux nouveaux défis d’autoproduction éner- gétique, de relocalisation économique, de circularité des ressources et des déchets, 9 «Pas de ça derrière chez moi !»: il suffit de compter sur Internet le nombre d’articles intitulés «Un projet d’écoquar- tier inquiète les riverains»… 10 Voir GeorgeMonbiot, www.theguardian.com/commen- tisfree/2014/oct/14/age-of-loneliness-killing-us 11 www.bozar.be/fr/activities/141413-horizontal- metropolis-a-radical-project

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